« Victoire pour les étudiant.e.s », proclame sur son compte Twitter le syndicat étudiant l’UNEF, qui, à défaut de maîtriser correctement la langue française, compte tenu de leurs nombreux tweets à la syntaxe laborieuse, a adopté l’écriture « inclusive ». De quelle victoire s’agit-il ? La réouverture des facs, fermées pour cause de crise sanitaire, condamnant les étudiants à suivre les cours devant leurs écrans, enfermés dans leurs minuscules logements, avec, à la clef, solitude et dépression ? Oh que non ! L’UNEF célèbre la décision du ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, de distribuer gratuitement des protections hygiéniques dans les résidences et services de santé universitaires ! On ne peut s’empêcher de penser à l’ancien président Jacques Chirac qui, le 30 décembre 2005, soit 15 jours après la fin des violentes émeutes dans les banlieues, lançait l’idée d’installer des distributeurs de préservatifs à 20 centimes d’euros dans les lycées et les facs. « C’est un grand pas », s’enflammait Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé. Mais un grand pas vers quoi ? Xavier Bertrand ne le précisait pas…
Vers des protections hygiéniques « dégenrées »
Selon une étude menée par le syndicat étudiant la Fage, l’ANESF (Association nationale des étudiants sages-femmes) et l’Afep (Association fédérative des étudiants picto-charentais), 33 % des étudiantes n’auraient pas les moyens de s’acheter des protections périodiques. D’où l’aide publique. On ne peut néanmoins pas s’empêcher de penser que l’État, incapable d’endiguer les conséquences de la crise sanitaire et de régler la crise sociale et économique, se rabat commodément sur le sociétal, jouant à l’État-nounou, distribuant des tampons gratuits et faisant des vidéos YouTube avec des influenceurs.
« La crise va révéler la nature profonde de ce système : l’austérité […] a comme corollaire non seulement le maintien, mais l’expansion de la consommation « libertaire » social-démocrate », écrivait déjà Michel Clouscard en 1981 dans Le capitalisme de la séduction.
Si cette décision ministérielle s’apparente à une victoire en demi-teinte contre la précarité étudiante, elle est surtout une victoire politique pour les associations et syndicats progressistes, fer de lance de l’idéologie « woke ». Pendant que l’UNEF proclame la victoire des « étudiant.e.s », le vice-président de la Fage précisait sur Europe1 l’importance d’installer des protections hygiéniques partout, et pas seulement dans les toilettes des femmes, « puisque certains hommes ont leurs règles ».
Menstruation inclusive
« Certains hommes ont leurs règles » : les femmes ne sont plus les seules à avoir ce « privilège » ! L’influenceuse MyBetterSelf en a fait les frais en décembre, après avoir reçu un flot de critiques pour son opération contre la précarité menstruelle, en collaboration avec la mutuelle Nutuus et la marque Nana. Sous son post Instagram où elle arbore une couronne de tampons, la jeune femme parle des « femmes en situation de précarité menstruelle ». Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’hystérie des Social Justice Warriors : les trans et les « non-binaires » peuvent avoir leurs règles aussi ; ce sont des « personnes qui menstruent », hurlent les progressistes. Voilà un terme élégant, en plus d’être « inclusif » !
L’écrivain J.K. Rowling avait déclenché un scandale en juin 2020 en raillant l’utilisation de la périphrase « personnes qui ont leurs règles ». Scandale qui la poursuit encore aujourd’hui : une école secondaire située dans le Sussex (Angleterre) a récemment débaptisé une maison de son internat qui portait son nom « en raison de ses propos récents visant la communauté trans ». L’influenceuse MyBetterSelf, quant à elle, s’est platement excusée dans une vidéo postée sur sa chaîne YouTube, se défendant d’être transphobe. Ironie des luttes féministes actuelles, les femmes se retrouvent invisibilisées et pour ainsi dire dépossédées de leurs règles, doublées sur leur gauche par les « trans » et les « non-binaires ». La folie égalitariste qui s’est emparée de nos sociétés pousse des hommes à réclamer le droit d’avoir leurs règles. « J’ai le droit ! » éructe Festivus Festivus, pour qui seul compte ses désirs, quand bien même ceux-ci iraient à l’encontre de la nature. Heureusement pour lui, le gouvernement et les diverses associations gavées d’argent public veillent à répondre à ses caprices, pendant que le pays s’enfonce inexorablement dans une crise économique et sociale. Demain, tous menstrués, tous précaires ?