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Supplique : rendez-nous les Sabatier, Patrick et Robert !

Et une supplique anachronique de plus ! Après Juppé et Marchais, Christophe A. Maxime poursuit sa série. Le divertissement du confinement derrière nous, voici le divertissement du déconfinement et de la farce décoloniale. De nouveaux masques sur d’autres masques. Rendez-nous donc les Sabatier, Patrick et Robert, l’animateur télé de première partie de soirée et le romancier populaire de première partie de rayon.

« Vous, vous qui nous regardez. Ce soir tout peut arriver. Vous entrez dans la danse, c’est votre jour de chance. Du cinéma, des chansons, des cadeaux, c’est beau. Lumières, micros, caméras… Et voilà le show. Vous qui nous regardez, nous allons vous faire rêver avec tous nos invités, ce soir. Chez vous pendant une heure, oui, vous, soyez à l’heure. C’est le porte-bonheur. » Tel était le générique chanté de Porte-Bonheur, l’émission de TF1 qui offrait entre 1983 et 1986 une pluie de cadeaux à de méritants anonymes.

Rendez-nous Porte-Bonheur – comme le muguet du mois de mai – et ses grandioses stars naphtalinées, Sardou, Balavoine, Berger, la lenteur ringarde, les sourires sirupeux et le déballage engoncé.

Éloge du repos avec Paul Morand

On m’a souvent dit que j’étais l’indéniable sosie junior de Sabatier, le Monsieur Loyal des eighties, titre de gloire et figure préférable à Mouloud Achour et Laurent Ruquier. Nous voulons du Jeu de la vérité (1985-1986, TF1) avec Alain Delon, Eddy Mitchell, Annie Girardot et Marlène Jobert plutôt que les ricaneurs à perruques. Nous voulons les stars à papa, du franchouillard strass et nostalgie paillettes.

Et pour célébrer la déconfiture du déconfinement de mai, rendons hommage à l’autre Sabatier, Robert, auteur à la verve poétique et populaire de la quête de l’enfance, de la délicatesse et de la sensibilité. Sabatier, ancien de la revue Arts, qui nous livra avec ses Allumettes suédoises (1969) et Noisettes sauvages (1974), une déambulation autobiographique au lyrisme tendre, parisienne et campagnarde, dans un monde oublié.

Ces mots de Paul Morand dans son Éloge du repos :

« Et pourtant le vrai repos de l’homme n’est pas une agitation qui ressemble vite à des travaux forcés. Avons-nous su assez le trouver en nous ? Nous l’avons cherché dans un anéantissement du temps, dans un rythme saccadé. Est-ce la paix ? »

« Personne ne supporte plus la solitude, ni le sur-place. Le sur-place nous donne un échauffement dont la vitesse est la purge. C’est un des aspects de cette peur de mourir, erreur matérialiste du monde occidental, par quoi, peut-être, il périra. »

Photo : Robert Sabatier

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