Connaissez-vous Victoria Agoglia ? Non bien sûr ! Pourquoi la connaîtriez-vous ? Elle n’a pas été violée par Harvey Weinstein, elle n’est pas éditrice à Saint-Germain-des-Prés, pas starlette à Hollywood ni féministe à Bloomsbury, personne pour brandir la culture du viol qui postule que tous les hommes blancs – et eux seuls – sont des violeurs en puissance. Non ! Victoria n’est rien qu’une enfant perdue de la working class blanche anglaise sinistrée, autant dire rien du tout, rien qu’un paquet de viande substituable et de plaisir consommable. Son père ? Un inconnu qu’elle n’a jamais croisé. Sa mère ? Décédée lorsqu’elle avait 8 ans. Une orpheline qui aurait pu sortir d’un roman de Charles Dickens si seulement elle avait été ballottée de foyers pour l’enfance en familles d’accueil. Mais voilà, à 13 ans, elle est tombée sous la coupe d’un gang « paki » qui la droguait, la battait, la violait à la chaîne. Une nuit d’horreur qui dura deux ans. Le temps qu’il lui a fallu pour se décider à alerter, en juillet 2003, les services sociaux de la ville de Rochdale – en vain (la police ne fit pas meilleur accueil à sa grand-mère). Deux mois plus tard, à 15 ans seulement, Victoria décédait d’une overdose d’héroïne injectée de force par un Jack l’Éventreur de 50 ans venu des montagnes du Pakistan1.
Le décès de Victoria fut le premier cas médiatisé d’une série de crimes pédophiles et de viols collectifs qui, depuis, viennent hanter régulièrement la une des tabloïds anglais. Il est le résumé glaçant d’un phénomène dont l’ampleur réelle reste inconnue tant il a été institutionnellement étouffé. Un « holocauste de nos enfants », dira un porte-parole de l’UKIP, Alan Craig. La liste des villes qui en furent le théâtre est interminable : au moins 27 municipalités identifiées à ce jour2, qui égrènent la toponymie d’une Angleterre, minière ou textile, industrielle ou manufacturière, jadis florissante, aujourd’hui transformée en harem low cost, antichambre du paradis d’Allah. Là, 1 500 victimes (à Rotherham) ; ailleurs, 1 000 (à Telford)3. La même scène de crime à Newcastle, Oxford, Rochdale, Bradford, Sheffield, Birmingham, Bristol, Surrey, Leeds, Leicester, Middlesbrough, Peterborough, Gateshead, Aylesbury, Halifax, Burnley, Nelson, High Wycombe, Keighley, Banbury, etc.
À nous les petites Anglaises !
Presque à chaque fois, les victimes s’appellent Lucy Lowe, Becky Watson, Vicky Round. Des ados, parfois des fillettes de 11 ans, socialement vulnérables, séduites par des hommes d’origine immigrée d’âge mûr, qui se comportent comme de gentils messieurs attentionnés avant de les rendre accros au crack, à l’héroïne ou à l’alcool, et d’en faire, sous la menace de représailles, des esclaves sexuelles à côté desquelles Justine ou les malheurs de la vertu de Sade n’est qu’une espièglerie galante.
Presque toujours, les bourreaux se nomment Mohammed Imran Ali Akhtar, Nabeel Kurshid, Iqlaq Yousaf, Salah Ahmed El-Hakam, les uns chauffeurs de taxi, les autres gérants de kebabs et fast-foods. La poignée d’affaires de viols collectifs portées devant les tribunaux entre 2005 et 2017 fait apparaître que les gangs sont composés à 84 % de Pakistanais, lesquels ne représentent que 7 % de la population4. Tous recherchaient intentionnellement des Blanches, présumées plus « faciles », qui avaient l’avantage d’être coraniquement « impures » au regard de la charia des kebabs. « Mon principal agresseur me citait des sourates du Coran quand il me tabassait ! » confesse l’une d’entre elles5. Aux « déni-oui-oui » qui voulaient occulter cette dimension religieuse, deux des violeurs de Rotherham la leur rappelèrent, lançant à l’énoncé de leur peine un « Allahu akbar » retentissant6.
Faute de données publiques (placées sous scellé), il est impossible d’estimer le nombre de victimes, des milliers, plus vraisemblablement des dizaines de milliers, autant de vies brisées, souillées, avilies – pire : niées. Les statistiques du ministère de l’Éducation concernant les enfants renvoyés aux services sociaux (NSPCC) indiquent sans plus de précisions ethniques que le nombre de cas présumés de violences faites aux enfants a considérablement augmenté depuis 2013, date à laquelle les « child grooming » ont été statistiquement pris en considération (3 300 cas recensés alors). 18 700 victimes en 2018-2019, un peu moins que le pic atteint en 2017-2018 avec 20 000 victimes. Une évaluation largement au-dessous de la réalité selon The Independent, qui avance le chiffre XXL de 76 204 victimes, pour le seul Royaume-Uni7. Soit une moyenne toutes les sept minutes ! De l’abattage, comme au temps des bordels militaires de campagne. Après tout, le viol n’a-t-il pas été de tout temps une arme de guerre ?
La loi du silence
Mais chut ! En parler, c’est faire le jeu de l’extrême droite, cette « merde raciste », comme s’est fendue l’impayable Caroline de Haas après les viols de Cologne. Au Royaume-Uni comme ailleurs, on ne nomme pas les groupes de violeurs pakistanais musulmans : ils sont pudiquement abrités sous l’expression de « child grooming » et d’« Asian grooming gangs ». « Grooming », le « conditionnement », ou plus littéralement le « toilettage » des enfants, non plus des animaux. Dans la novlangue antiraciste, le « toilettage » des enfants, comme pour les chiens (les « chiennes », en toute rigueur orthographique), consiste à « préparer » les enfants pour les abuser sexuellement. Une dénomination utilisée par la classe politique, complaisamment relayée par la presse, alors que tout le monde sait de qui il s’agit et ce qu’ils font. Les communautés sikh et hindoue se sont même indignées du terme « asiatique », ne voulant pas être associées à ces scandales, qui concernent des populations d’origine pakistanaise, parfois bangladaise ou afghane, dans tous les cas musulmane.
Rien à faire : l’omerta est la règle, et l’embargo – médiatique, juridique, politique – soumis aux rigueurs coercitives de la loi. Non pas seulement le déni, comme à Cologne, mais le délit ! Le militant identitaire Tommy Robinson, fondateur de l’English Defence League, en a fait les frais : il a écopé de dix mois de prison ferme pour avoir filmé lors d’un Facebook Live l’ouverture du procès de l’affaire des viols collectifs du gang « paki » d’Huddersfield, à Leeds, la cour ayant placé le procès à huis clos. Comme pour ajouter la mesquinerie à l’infamie, Robinson a été banni de Twitter, exclu de PayPal, chassé de Facebook, expulsé d’Instagram8.
Malheur aux lanceurs d’alerte ! Dans la ville de Rotherham, vieille cité charbonnière et sidérurgique de 255 000 âmes, où il arrivait que les bourreaux aspergent les adolescentes d’essence en menaçant de les brûler, l’une des rares voix à avoir demandé une enquête a dû suivre des « cours de sensibilisation à la diversité » pour avoir évoqué l’origine pakistanaise des violeurs9. On se pince pour y croire. À Newcastle et ses environs, un rapport exhumé par les enquêteurs précise que les autorités avaient tendance à « blâmer les victimes pour leur comportement plutôt que leurs bourreaux »10. De quoi se plaignaient-elles, les policemen de Rotherham ne les traitaient-ils pas de « déchets »11 ?
Une règle invariable : dans l’écrasante majorité des affaires, travailleurs sociaux, policiers, médecins, élus, milieux associatifs se sont tus de peur de se voir accusés de racisme ou d’islamophobie, et pourquoi pas de pakistanophobie. La police de Telford a même diffusé un memo interne – dans un esprit « citoyen », on imagine – qui recommandait aux agents d’ignorer les plaintes12. Un rapport de l’inspection de la police et des pompiers de Sa Majesté n’aura du reste aucune peine à démontrer que Scotland Yard, où la « culture du résultat » n’est plus ce qu’elle était, n’a pas traité correctement plus de 90 % des cas13. Ainsi, au pays de Sherlock Holmes et Conan Doyle, il ne s’est trouvé personne pour enquêter.
La martyre de la classe ouvrière blanche
Et de ce côté-ci du Channel ? Sans Fdesouche on ne saurait presque rien de l’ampleur de ces viols collectifs, sinon quelques affaires qui viennent se glisser de-ci de-là dans la chronique judiciaire entre un acte de transphobie et le feuilleton comique de la Ligue du LOL. « Le scandale de pédophilie de Telford fait le miel de la fachosphère », a pu tartiner, en verve apicole, L’Obs.
Bien sûr, les choses sont en train de bouger, lentement, timidement. Une mini-série britannique, Three Girls, diffusée en France sur Arte, a bouleversé l’Angleterre. Elle met en scène l’affaire des viols de Rochdale : 47 jeunes filles, de 13 à 15 ans, toutes ciblées – criblées, devrait-on dire – en raison de leur vulnérabilité sociale, battues et abusées sexuellement par des « Pakis ». Le mérite de cette série est de dresser à sa manière le bilan des années Thatcher et Blair, après la liquidation de la classe ouvrière blanche. Au bout du processus, ces jeunes Anglaises martyres, avatar le plus effroyable de la désindustrialisation, violées à un rythme, lui, industriel, sacrifiées au totem de la croissance soutenue par le tabou de l’immigration, sans la moindre réaction, ou si peu, d’une Union Jack devenue catatonique. À lui seul, le Royaume-Uni est un concentré de cette déliquescence. Règne du libéralisme, atomisation de la société, déchéance des systèmes éducatifs et de santé… En parallèle, le remplacement de population est galopant : officiellement 20 % d’extra-Européens dès 2011 !
Tournures de langage ciselées pour ne blesser personne, nouvelles catégories de victimisation chaque semaine afin de contenter tout le monde sauf les peuples centraux, hystérisation de la parole minoritaire, euphémisation de la parole majoritaire, traque des discours de haine sur Internet, xénophilie morbide…
Cette dissimulation active se répète au plus haut niveau de l’État : cela fait des années que les associations de victimes et plusieurs élus réclament un rapport complet sur ces affaires. Nazir Afzal, ancien procureur en chef de l’Angleterre du Nord-Ouest, avait exigé en 2012 des recherches sur l’origine ethnique des criminels. Il expliquait sans rire que la « désinformation et l’anecdote sont exploitées par les tenants de la suprématie blanche » ! Heureusement pour les illusions de Nazir Afzal, le gouvernement britannique a refusé de publier les recherches officielles sur les caractéristiques des grooming gangs, affirmant que ce n’est pas dans l’« intérêt public ». Tout au plus, le précédent ministre de l’Intérieur Sajid Javid, lui-même né à Rochdale dans une famille anglo-pakistanaise, laissait-il échapper que les cas les plus médiatisés comprenaient une « forte proportion d’hommes d’origine pakistanaise ». Mais on attend toujours la publication de l’enquête qu’il a lancée (elle a été bouclée en décembre dernier). Boris Johnson, quoi qu’il en ait dit, ne la rendra publique14.Ce politiquement correct multiculturaliste est illustré avec le cas de l’agent Amjad Ditta, mis en avant par une campagne de communication en 2016 pour promouvoir la diversité au sein de la police britannique. En 2019, il s’est retrouvé parmi les 16 accusés d’un gang de violeurs15! Anecdote ou cas emblématique ?
La chasse aux stéréotypes, pas aux violeurs
Les photos et noms des violeurs deviennent presque indiscernables tant ils sont semblables. Le criminologue Cesare Lombroso en eût fait son régal. Contentons-nous de faire remarquer qu’il s’agit d’une population au sein de laquelle les niveaux de consanguinité sont les plus élevés au monde. Une étude sur les malformations congénitales en Grande-Bretagne, publiée en 2013 par l’hebdomadaire médical The Lancet, révélait que sur un échantillon de 5 100 enfants d’origine pakistanaise, 37 % d’entre eux étaient nés de parents cousins germains16. Des généticiens avancent des chiffres avoisinant les 60 % de consanguinité pour les mariages au Pakistan, record mondial17, dans une société à la jointure du tribalisme et de l’islamisme.
Sans nul doute, l’un des pires péchés de la religion du vivre ensemble est le préjugé ou ses dérivés, stéréotype, discrimination et amalgame. Il dénoterait l’idiotie, une vision simpliste, réductrice, empêchant la pensée complexe. Faire un constat est effectivement simple. Une fois que l’on s’est brûlé avec le feu, doit-on continuer à y mettre la main pour ne pas faire d’amalgame ? Steve Sailer a résumé cette forme de bon sens populaire en expliquant qu’un préjugé est une anecdote vérifiée tant de fois qu’elle est devenue une statistique. Mais en Angleterre, les statistiques sont interdites quand elles démentent les préjugés de l’élite.
Une enquête de François Bousquet et Thierry Dubois
Légende photo : L’horreur a – enfin – un visage, celui du gang de violeurs de Huddersfield, dans le Nord de l’Angleterre ! Longtemps, les autorités ont refusé de le montrer. Le militant Tommy Robinson a même été condamné à la prison ferme pour avoir osé filmer ces violeurs lors de leur procès.
1 et 2. Cf. Allison Pearson, « The grooming gang cover-up is Britain’s real racism scandal », The Telegraph, 21 janvier 2020.
3. Cf. les notices exhaustives Wikipédia des viols collectifs de Rotherham et de Telford.
4. « Researchers who assumed Pakistani men are unfairly branded as grooming gang members, findthey are wrong », OpIndia.com, 11 décembre 2017.
5. Cf. le témoignage d’une victime, « As a Rotherham grooming gang survivor, I want people to know about the religious extremism which inspired my abusers », The Independent, 18 mars 2018.
6. « Men jailed for Rotherham child sexual abuse », 2 février 2017, BBC.
7. Lizzie Dearden, « Radical rethink on grooming gangs needed, says NSPCC after 19 000 children sexually exploited in year », The Independent, 30 décembre 2019.
8. Cf. sa notice Wikipédia.
9. Cf. Charlotte d’Ornellas, « Grande-Bretagne : 40 ans de silence sur les viols subis par 1 000 jeunes filles », Valeurs actuelles, 14 mars 2018.
10. Martin Evans, « Newcastle grooming gangs were allowed to abuse 700 girls because police blamed the victims, review finds », The Telegraph, 23 février 2018.
11. Paul Jeeves, « Rotherham scandal : Failures allowed paedophile gangs to exploit 1 500 girls over 16 years », Express, 18 juillet 2019.
12. Cf. la grande enquête du Sunday Mirror saluée par Teresa May : Nick Sommerlad et Geraldine McKelvie, « Britain’s “worstever” child grooming scandal exposed : Hundreds of young girls raped, beaten, sold for sex and some even killed », 11 mars 2018.
13. Fiona Hamilton, « Police failing to protect children from sexual exploitation », The Times, 28 décembre 2017.
14. Lizzie Dearden, « Grooming gang review kept secret as Home Office claims releasing findings “not in public interest” », The Independent, 21 février 2020.
15. « Police officer Amjad Ditta in group charged with sex offences », 18 décembre 2019, BBC.
16. « Riskfactors for congenital anomaly in a multiethnic birth cohort : an analysis of the Born in Bradford study », The Lancet, 19 octobre 2013.
17. Cf. « À la chasse aux maladies rares au Pakistan », Campus n° 137, juin 2019, le magazine scientifique de l’Université de Genève.
Un article extrait du numéro 183 d’éléments