C’était il y a dix ans. Au printemps 2011, les pays arabes sont secoués par un vent de révolte. Parti de Sidi Bouzid, en Tunisie, il embrase en quelques mois pas moins de dix-sept pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Des citoyens révoltés contre des gouvernements autoritaires et corrompus envahissent les rues pour exiger la démocratie, un meilleur partage des richesses et davantage de libertés individuelles. Si ces révoltes populaires, accélérées par les réseaux sociaux, ont mené en Tunisie à la chute de Ben Ali puis à une prudente réforme démocratique, l’Égypte a connu un destin politique opposé, marqué d’abord par la montée en puissance des Frères musulmans. Un essor qui redistribue les cartes dans toute la région, à commencer par les influents pays du Golfe. Avec une décennie de recul, journalistes, manifestants, personnalités politiques et chercheurs – notamment le politologue Gilles Kepel – décryptent à travers les exemples égyptien et tunisien les conséquences géopolitiques et sociales de cette révolution sans précédent.
Cette seconde partie revient sur la genèse des conflits en Syrie et en Libye, et analyse le complexe jeu d’alliances à l’œuvre dans ces deux pays, ravagés par la guerre depuis 2011. Alors qu’au Liban et en Irak de nouvelles manifestations semblent rallumer la flamme d’espoir de la décennie passée.
Dans la Syrie de Bachar el-Assad et la Libye de Kadhafi, les manifestations du printemps 2011 sont réprimées dans le sang, et la révolte se mue rapidement en guerre civile. Alors que l’intervention occidentale précipite la chute du dictateur libyen, la transition politique attendue n’aura pas lieu. La Syrie, plongée dans une guerre sans fin, terreau fertile pour la progression de l’État islamique, devient bientôt le terrain d’affrontement de puissances extérieures – à commencer par la Turquie, l’Iran et la Russie.
Source : Arte