Italienne, née en 1974, j’ai passé toute ma scolarité, que cela soit dans le public ou le privé, sans jamais avoir entendu ou lu le mot « Foiba ».
« Le terme Foiba (Foibe au pluriel) dérive du latin Foveo et signifie, en dialecte, une fosse. Ce sont des grottes karstiques verticales dont l’entrée se situe en hauteur. Le nom Foiba fut tiré d’un dictionnaire de géologie et devint tristement célèbre quand, de 1943 à 1945, ces grottes furent utilisées par les partisans yougoslaves pour enterrer les italiens de la Dalmatie et de l’Istrie ainsi que les Slovènes opposants au régime communiste. Après de sommaires procès, les victimes étaient précipitées vivantes, attachés en petits groupes dans le gouffre. » Cet extrait traduit, par nos soins, est tiré du site internet du gouvernement Italien.(https://biblioteche.cultura.gov.it/it/notizie/notizia/In-memoria-degli-Italiani-vittime-delle-foibe/).
Il fallut pourtant attendre 2004 (loi numéro 92 du 30 mars), après un long travail des partis de droite, pour que soit officiellement reconnu le massacre et institué un jour de la mémoire des victimes des « Foibe » (10 février) et qu’il soit annoncé la création du « Musée de la civilisation Istriano-fiumano-dalmata » à Trieste ainsi que des « Archives historiques de Fiume » à Rome.
Cependant, dans les années qui suivirent l’adoption de la loi, l’ignorance volontaire du passé a poursuivi son œuvre (les horreurs de la guerre n’étant bien sûr l’apanage que d’un seul camp politique), si bien que je n’ai finalement pris réellement conscience de l’ampleur de ce massacre que grâce aux discussions dans notre section de Casapound Italia et en lisant les livres publiés par des maisons d’éditions du milieu de la droite radicale et identitaire.
Chaque année, il devenait de plus en plus difficile d’organiser des présentations dans les écoles pour parler de ce qui fut un véritable nettoyage ethnique que les jeunes et vieux partisans de l’ANPI (Association Nationale des Partisans Italiens) essayaient par tous les moyens de nier ou de minimiser. Avec la bave aux lèvres, ils répétaient que les victimes étaient des « fascistes » et que, de ce fait, même après guerre, ils méritaient leur sort. On sait pourtant que les victimes étaient rarement impliquées politiquement (et quand bien même!) et se nommaient, par exemple, Norma Cossetto, qui fut violée, torturée puis jetée vivante dans le gouffre et dont la seul faute était d’être italienne.
« Mademoiselle, je ne vous dis pas mon nom, mais moi, cet après-midi là, depuis ma maison qui est proche de l’école, au travers des volets légèrement fermés, j’ai vu votre sœur attachée à une table et des brutes qui la violaient. Le soir, j’ai entendu ses lamentations, elle appelait sa mère et demandait de l’eau, je n’ai rien pu faire car j’étais moi-même terrorisée. » (https://www.10febbraio.it/storia-di-norma/)
Des crimes inlassablement minimisés par les « partisans » communistes…
L’autre fait caché au fond de ces cavités, c’est le nombre exact des victimes, toujours minimisé. La conformation géologique de ces grottes contribue (et cela les titistes et les partisans le savaient bien) à cacher l’horreur. Si bien qu’aujourd’hui encore l’on continue de découvrir des restes d’hommes et de femmes massacrés et jetés dans les abîmes de la mémoire historique.
« Des enfants ou des jeunes gens à peine plus âgés, traînés au bord du précipice, fusillés puis jetés dans le vide. Les plus chanceux étaient déjà morts avant la chute. Pour les autres, ce fut une longue agonie, la pire des tortures. Depuis des dizaines d’années, les voix des survivants aux massacres du Maréchal Tito nous racontaient cela mais, cette fois, ce sont les corps des victimes qui parlent enfin. Ces derniers furent retrouvés, il y a quelques jours, par une équipe de spéléologues Slovènes dans la zone de Kočevski Rog, à proximité du vieil hôpital partisan. » (https://www.avvenire.it/attualita/pagine/scoperte-nuove-foibe)
Ces victimes, découvertes par hasard par des spéléologues, auraient été oubliée à jamais au fond de ces terribles abîmes. Ainsi les historiens se disputent sur le nombre de victimes des ces « foibe ». Les chiffres varient de 3000 à 11000 personnes. Ces données nous font comprendre que nous sommes encore loin d’une reconstruction historique complète, de pouvoir comprendre et pacifier les rapports entre ces « fratelli d’Italia ».
Ce que nous pouvons faire, c’est continuer à écouter les voix de ceux qui ont aimé leur patrie jusqu’à la mort, de ceux qui ont refusé d’abandonner ces terres irrédentes aux main de Tito, des terres qui, au moins dans leur âme, resteront à jamais Italiennes.
© Photo : archives de l’ANSA. Massacre de Foibé. La découverte de l’entrée d’un charnier dans le Frioul après la Seconde Guerre mondiale.