ÉLÉMENTS : Quel est le journaliste qui a reçu son bobard d’or avec le plus de classe ?
JEAN-YVES LE GALLOU. Claude Askolovitch, alpagué dès potron-minet en arrivant à sa radio, rue François Ier, et qui a réagi à son couronnement par cette formule superbe : « La liberté d’expression, on s’en fout ! »
ÉLÉMENTS : Quel est le Bobard d’or le plus célèbre que vous ayez remis?
JEAN-YVES LE GALLOU. Le « bobard Merah », le tueur islamiste de Toulouse, présenté avant son arrestation comme « de type européen, blond, aux yeux bleus » par les télévisions. Très fort quand même pour décrire un suspect qui commettait ses crimes caché par un casque de moto…
ÉLÉMENTS : Celui pour lequel vous avez le plus d’indulgence?
JEAN-YVES LE GALLOU. Alain Duhamel qui a été candidat plusieurs fois, sans succès. Par indulgence, par déférence et par humanité à l’égard de cet éminent serviteur du politiquement correct, le jury lui a remis une « brosse à reluire d’or ».
ÉLÉMENTS : Celui qui vous a fait le plus rire?
JEAN-YVES LE GALLOU. Le « bobard protéine » décerné à trois journalistes féministes qui expliquaient que les hommes étaient plus grands que les femmes parce qu’au Paléolithique ces derniers accaparaient toute la viande… Les femmes auraient été végans contre leur gré.
ÉLÉMENTS : Celui qui vous a le plus choqué?
JEAN-YVES LE GALLOU. « L’ophtalmo raciste » d’Aix-en-Provence : un praticien accusé d’avoir refusé de soigner une petite fille arabe. Une pure invention, un bobard total, relayé par l’ensemble de la presse ! Le malheureux médecin a mis 48 heures à prouver son… innocence.
ÉLÉMENTS : Quel sont vos trois Bobards d’or préférés?
JEAN-YVES LE GALLOU. Trop difficile de répondre !
ÉLÉMENTS : Quel est le Bobard d’or le plus politiquement incorrect que vous ayez remis ?
JEAN-YVES LE GALLOU. À David Pujadas, alors présentateur sur France 2, qui a illustré un reportage sur la répression en Iran avec des images prises au… Honduras. Son intention était vertueuse : servir le « camp du Bien ».
ÉLÉMENTS : Le Bobard d’or le plus à droite?
JEAN-YVES LE GALLOU. Le Figaro a été primé, dès 2010, grâce à son chroniqueur judiciaire Stéphane Durand-Souffland, président de l’Association de la presse judiciaire. Celui-ci avait affirmé que trois des quatre assassins de Jean-Claude Irvoas, représentant en lampadaires, tué sous les yeux de sa famille lors des émeutes de 2005, étaient des « Européens ». Qu’on en juge : un Sénégalais, un métis de Congolais, un Antillais et un Maghrébin (né à Besançon, il est vrai). Mais, au fait, Le Figaro est-il un journal de droite ?
ÉLÉMENTS : Le plus à gauche?
JEAN-YVES LE GALLOU. Le « bobard balalaïka » accordé à Caroline Fourest qui a expliqué qu’en Ukraine les pro-Russes arrachaient les yeux de leurs adversaires au couteau… Un bobard tout en finesse.
ÉLÉMENTS : Quel est le journaliste qui a reçu son bobard d’or avec le plus de classe?
JEAN-YVES LE GALLOU. Claude Askolovitch, alpagué dès potron-minet en arrivant à sa radio, rue François Ier, et qui a réagi à son couronnement par cette formule superbe : « La liberté d’expression, on s’en fout ! » (2011)
ÉLÉMENTS : Celui qui l’a le plus mal reçu?
JEAN-YVES LE GALLOU. L’AFP, plusieurs fois titrée. Lorsqu’une petite équipe s’est présentée place de la Bourse pour remettre la précieuse statuette, un cordon de CRS était là pour l’accueillir. C’était beau : la police protégeant la police de la pensée !
ÉLÉMENTS : En dix ans, un journaliste primé est-il venu récupérer sa statuette?
JEAN-YVES LE GALLOU. Non ! Mais un journaliste du Monde, Abel Mestre, s’est plaint à plusieurs reprises de ne pas être nommé. Il est vrai que le malheureux a passé plusieurs années relégué à la rubrique sport !
ÉLÉMENTS : À qui aimeriez-vous remettre le Bobard d’or des Bobards d’or ?
JEAN-YVES LE GALLOU. À l’AFP car c’est une couveuse à bobards. Un bobard de l’AFP – l’agence française de propagande – est repris par tous les scribouilleurs.
ÉLÉMENTS : Quel est le journaliste qui a reçu le plus de Bobards d’or ?
JEAN-YVES LE GALLOU. Christophe Barbier, l’homme à l’écharpe rouge, a été le plus souvent cité. Mais comme Caroline Fourest, il est aujourd’hui hors concours. Il faut laisser la place à de jeunes espoirs.
ÉLÉMENTS : Quelle a été la réaction la plus inattendue à un Bobard d’or ?
JEAN-YVES LE GALLOU. Se remettre en question ! Mais nous… l’attendons toujours.
ÉLÉMENTS : Quel est le Bobard d’or dont vous êtes le plus fier ?
JEAN-YVES LE GALLOU. La « muselière d’or » remise à Patrick Cohen qui a répondu à cette question : « Mais enfin Patrick, on a bien le droit de penser ce que l’on veut ? » par un : « Non » sonore qui venait du fond du cœur. Un grand moment de journalisme… Le même homme voulant « enfermer les esprits malades ».
ÉLÉMENTS : Y a-t-il, en dix ans, un Bobard d’or que vous regrettez d’avoir remis ?
JEAN-YVES LE GALLOU. Non, car les journalistes sont en état de récidive permanente. Ils sont très forts pour exiger des autres des mea culpa, mais j’attends toujours un « média culpa ».