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Gaza, Palestine, June. 2019. Palestinian father and son protesting at the borders between Gaza strip and Israel

Conflit israélo-palestinien : l’infernale sarabande recommence

Après onze jours de conflit, le Hamas et Israël ont accepté de signer un accord de cessez-le-feu sans vainqueur ni vaincu. Pendant ce temps, les colonisations se poursuivent, la création d’un État palestinien viable devient illusoire et, paradoxalement, la politique de l’État hébreu renforce le Hamas.

Rien ne va plus à Gaza et Jérusalem-Est. Les USA, après des décennies d’atermoiement, pensaient détenir la solution avec le plan de Donald Trump destiné à pacifier la région. Plan inique et cynique, dont les Palestiniens demeuraient les grands perdants ; mais plan finalement pas tout à fait idiot.

Ainsi, forts d’une Égypte neutralisée et d’un Iran mis au ban des nations, les Israéliens pouvaient enfin se réconcilier avec les Saoudiens et les Émiratis : entre peuples marchands, il y a toujours moyen de s’entendre. Mais le « doux commerce » cher aux prophètes libéraux ne saurait tout résoudre. Car dans le plan en question, quid de la question palestinienne ? Certes, les négociateurs du Golfe auraient obtenu, pour cinq ans, le gel des colonisations sauvages de ce qui demeure encore de terres palestiniennes. Soit une promesse n’engageant que les naïfs prêts à y croire.

De l’autre côté, les Palestiniens, même si jouant à domicile, demeurent incapables de constituer un front uni, et ce, depuis les accords d’Oslo, lesquels remontent tout de même à 1993 – bientôt trente ans ! De quoi désespérer…

Mais la position du Premier ministre Benyamin Netanyahou n’est finalement guère plus enviable. Certes, il est aujourd’hui auréolé de ses succès diplomatiques ayant permis de desserrer l’étau arabe et de sa politique vaccinale donnée en exemple par les médias du monde entier. Au fait, combien de Palestiniens, musulmans et chrétiens, de Gaza ou de Cisjordanie ont-ils bénéficié de cette politique des plus volontaristes ? Évitons les questions qui fâchent.

Aujourd’hui, à la tête d’une coalition faite de bric et de broc, tenaillé entre diverses tendances sionistes, laïcs à l’ancienne, nationalistes d’extrême droite et religieux de l’espèce millénariste, Netanyahou paraît naviguer à vue ; ce qui peut en partie expliquer la nouvelle flambée de violence qui n’en finit plus d’ensanglanter la région.

Tout commence le 12 avril dernier avec l’ouverture du ramadan et une police israélienne empêchant les fidèles musulmans de se recueillir aux alentours de l’esplanade des mosquées. Dans le même temps, le mouvement ultrasioniste Lahava manifeste aux cris de « Mort aux Arabes ! » Dans la foulée, des colons juifs mettent tout en œuvre pour expulser les derniers Palestiniens habitant encore à Jérusalem-Est. Au final, des blessés par centaines (du côté palestinien, surtout) et une désapprobation de la fameuse « communauté internationale » des plus tièdes. Comme quoi les Palestiniens, eux aussi, sont sensibles au concept du Grand Remplacement…

Très logiquement, le conflit s’étend dans la bande de Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert de la planète. Avec tirs de roquettes d’un côté et représailles aériennes de l’autre. Et presque autant de blessés et de morts (surtout du côté palestinien, une fois encore). Bref, c’est l’infernale sarabande qui recommence.

De manière plus que pertinente, L’Orient-Le Jour, quotidien libanais de référence, rappelle que Hamas et Israël se sont déjà affrontés à trois reprises, en 2008, 2012 et 2014, et qu’au-delà des rodomontades de circonstance, ni l’un ni l’autre ne sont sortis vainqueurs de ces guerres singulièrement asymétriques. Il est un fait qu’un tel conflit ne laisse que peu de place au compromis, surtout lorsque nous avons manifestement affaire à un dialogue de sourds entre Israéliens excipant d’une antériorité biblique et Palestiniens, d’une présence certes moins lointaine et plus tangible, mais aussi résultat d’une colonisation plus ancienne.

Benyamin Netanyahou, né et biberonné aux USA, devrait peut-être se montrer plus réceptif à ces subtilités orientales. Et surtout comprendre que le destin de son peuple demeure paradoxalement lié au peuple palestinien. À lui d’être à la hauteur de cette tâche. À ses adversaires, aussi. Surtout quand on sait, en Orient, que l’ami de demain n’est souvent rien d’autre que l’ennemi d’hier. Il suffit de se souvenir d’une époque ou Israël a été un soutien inconditionnel du Hamas pour contrer l’OLP d’Arafat et comme l’expliquait très bien le journaliste de France Inter Patrick Pesnot, le « Hamas le meilleur ennemi d’Israël1 ».

(1) L’émission Rendez-vous avec X sur France Inter : « Hamas le meilleur ennemi d’Israël »

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