La Russie a lancé ce jeudi un barrage de missiles sur l’Ukraine, première riposte d’envergure à l’attaque ukrainienne menée en début de semaine contre une installation militaire dans la région russe de Briansk. Pour cette attaque, les Ukrainiens ont utilisé des missiles à longue portée fabriqués et fournis par les États-Unis, appelés ATACMS.
Une bonne guerre avant de partir ?
Un peu oublié après l’élection américaine, c’est le (toujours) président Biden qui a autorisé les forces ukrainiennes à tirer plus profondément sur le territoire russe. Moscou avait pourtant mis en garde les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN depuis des mois contre cette autorisation donnée à l’Ukraine de tirer des missiles occidentaux sur la Russie.
« Nous nous considérons en droit d’utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations, et en cas d’escalade des actions agressives, nous répondrons de manière tout aussi décisive et en nature », a déclaré, en réaction à cette attaque, Vladimir Poutine. De son côté, le Pentagone réplique en qualifiant les remarques du président Russe de « rhétorique dangereuse et imprudente ». Une décision américaine saluée par Emmanuel Macron mais vilipendée par le prochain conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, déclarant sur Fox News : « Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’escalade et personne ne sait où cela va nous mener »
Même s’il n’est pas encore au pouvoir l’élection de Donald Trump change pourtant la donne. Les possibles négociations entre la Russie et l’Ukraine sous l’égide américaine demeure le scénario le plus envisageable pour éviter un embrasement général. Ceci ne signifiant pas que Trump cesse tout soutien à l’Ukraine. Mais quoi qu’il arrive, les faucons entourant Biden ne semblent pas enclins à prendre le chemin des pourparlers. Rappelons la visite à Kiev en avril 2022 de l’ex-premier ministre britannique Boris Johnson[1], au cours de laquelle il aurait exhorté le président ukrainien Volodymyr Zelensky à rompre les pourparlers avec la Russie. Et ce pour deux raisons essentielles : l’Occident ne négocie pas avec Poutine et l’OTAN ne souhaite pas mette fin à ce conflit. Le Royaume-Uni demeure l’un des premiers européens à avoir soutenu l’Ukraine, en lui fournissant des armes dès janvier 2022 et un soutien financier conséquent : 2,3 milliards de livres sterling (2,6 milliards d’euros) d’aide militaire.
Dans un message sur les réseaux sociaux, Volodymyr Zelenskyy affirme que « toutes les caractéristiques » du missile russe utilisé pour la frappe de l’usine Yuzhmash dans la ville de Dnipro en Ukraine, « correspondent à un missile balistique intercontinental », tout en précisant qu’une enquête était en cours pour confirmer exactement ce qui avait été tiré sur la ville. Le président ukrainien a accusé « notre voisin fou », la Russie, d’utiliser son pays « comme terrain d’essai » pour ses nouvelles armes. L’armée de l’air ukrainienne n’a pas précisé quelle était la cible du missile balistique intercontinental russe ni s’il avait causé des dégâts, mais le gouverneur de la région de Dnipro, Serhiy Lysak, a déclaré que la frappe avait endommagé une entreprise industrielle et déclenché des incendies dans la ville, blessant 15 personnes.
Avec ces échanges de missiles, le conflit monte encore d’un cran. Une ultime valse avant la tempête ? Selon l’ancien colonel de la Bundeswehr Wolfgang Richter, du Centre de politique de sécurité de Genève : « L’Ukraine, qui souffre d’un manque de personnels et qui veut mobiliser environ 160’000 soldats supplémentaires, devra accepter une cession de territoire de facto, mais ne la reconnaîtra pas en droit international. En contrepartie, elle devrait toutefois recevoir des garanties de sécurité robustes. »
1 – https://www.foreignaffairs.com/russian-federation/world-putin-wants-fiona-hill-angela-stent